dimanche 31 janvier 2010

Coup de coeur


"A thing of beauty is a joy for ever:
Its loveliness increases; it will never
Pass into nothingness; but still will keep
A bower quiet for us, and a sleep
Full of sweet dreams, and health, and quiet breathing."
Endymion. John Keats.

Comment rester de marbre devant la délicatesse de la poésie de John Keats, poète romantique anglais, dénigré par la critique de son vivant et aujourd'hui considéré comme l'un des plus grands poètes romantiques anglais du XIXème siècle?

Jane Campion (La leçon de piano, palme d'or en 1993) lui rend hommage dans son dernier film, tout en pudeur et sensibilité, en relatant la passion entre le jeune poète et Fanny Brawne, jeune fille de bonne famille, coquette et effrontée. Passion chaste à la fin inéluctable, la misère de Keats (simple fils de palefrenier) et sa constitution maladive (la tuberculose aura raison de lui) seront autant d'obstacles qui sépareront les jeunes amoureux. L'amour contrarié n'en sera que plus intense.

Jane Campion filme la poésie poétiquement et fait naître l'émotion par ses tableaux champêtres et ses lumières légères à l'image de ses vers égrenés par Keats, musique de ses mots qui célèbrent l'amour et la beauté. L'éclosion des sentiments, le souffle des émotions pareil à une brise d'été sur les champs de fleurs, et l'intensité de leur passion romantique, chaque instant est filmé en toute pudeur et la magie opère. Ce film délicieusement tragique nous emporte et nous donne envie d'être amoureuse comme pour la première fois.

Keats, conscient de la fragilité de toutes choses, écrivit dans une précoce lucidité son propre épitaphe: "Here lies one whose name was writ in water". Effacé, brisé par les tempêtes de la vie, Keats disparut bien trop jeune. Néanmoins comme son ami, le grand poète anglais William Shelley l'avait si bien prédit en annonçant lors de sa mort: "Il n'est pas mort, il s'est réveillé du rêve de la vie", John Keats fut reconnu (reconnaissance tardive mais méritée) comme le poète incontournable du grand Romantisme.
Jane Campion a eu la bonne idée de nous le remémorer, pour notre plus grand plaisir...