samedi 27 février 2010

The time that remains

Fortement autobiographique, Le temps qu'il reste d'Elia Suleiman est l'histoire d'une famille palestinienne dans sa vie quotidienne à Nazareth, ville des territoires occupés par l'armée israélienne. Conçu à partir des carnets personnels de son père et des lettres que sa mère envoyait aux membres de la famille expatriés, le film, présenté au Festival de Cannes en 2009, évoque la tragédie palestinienne à travers ce récit familial en 4 temps. De la guerre de Palestine (1948) à nos jours, au rythme des arrestations et des Intifadas, à travers des saynettes burlesques, aussi cocasses que banales, Suleiman parle de lui et de sa famille, « Arabes-israëliens », restés en minorité sur le territoire qui était le leur.

D'une grande beauté esthétique, dans un silence grave, Le temps qu'il reste joue avec les détails et les symboles et crée des instants de véritable poésie emplis de tristesse. Sauter à la percher par dessus le mur, organiser une soirée malgré le couvre-feu, parler au téléphone dans la rue en ignorant le canon du tank pointé sur soi... Autant de rêves et de révoltes, transmis de génération en génération, contre cette occupation israëlienne omniprésente. Celui qui est à la fois absent et présent, témoin qui ne dit mot, exilé sur le chemin du retour, Suleiman lui même hante le film de ses souvenirs et transmet toute la douce amertume de ces situations, intimes et historiques, sans jamais perdre son calme, ni son humour. Un beau film, à voir et à méditer.

vendredi 26 février 2010

Hommage au tyran de la maison...

Legends of the Fall


Jim Harrison, écrivain américain dont la réputation n'est plus à faire, nous plonge dans les légendes d'Amérique, peuplées de héros et de morts, d'amour et de brutalité, de plaines désertiques et d'animaux sauvages.

La vengeance, la violence, la rédemption, le pardon, la solitude,  Jim Harrison nous parle de sujets anciens et essentiels, et atteint une forme de mysticisme à relater ainsi les plus vieilles histoires du monde dans leur simplicité et leur passion les plus extrêmes. A travers ses portraits d'hommes déterminés, tourmentés, profondément humains dans leur déraison, leurs angoisses et leurs rêves, narrant tour à tour leurs rencontres, leurs rivalités et leurs affrontements dans ses paysages lointains et évocateurs, Harrison envoute, trouble, et nous donne à rêver à ses légendes métissées et cruelles.

Dans un style simple, d'une très grande maitrise, Légendes d'automne est composé de trois histoires, trois légendes, brutales et fatales, fascinantes. (L'une d'elles, Légendes d'automne, a d'ailleurs été adaptée au cinéma par Edward Zwick). La violence, réalité indéniable du monde des hommes, y est omniprésente mais au détour des pages, la grâce surgit, rayon de soleil perçant à travers les nuages du malheur, et nous rappelle la magie de ce monde, implacable et sublime. 

jeudi 25 février 2010

"Mieux vaut-il vivre comme un monstre ou mourir en homme bien ?"



Le dernier film de Scorsese, Shutter Island, inspiré du roman de Dennis Lehane (auteur fétiche des réalisateurs dont les livres sont de véritables sources d'inspiration...Deux de ces opus ont déjà été adaptés: Mystic river et Gone baby gone) est enfin arrivé sur nos écrans. Mettant en scène pour la énième fois son acteur fétiche, Leonardo DiCaprio, qui d'ailleurs n'en finit pas de nous étonner, Scorsese revient avec un thriller sombre et angoissant, huis clos aux confins de la folie.

Un hôpital psychiatrique sur une île balayée par les ouragans, une enquête sur la disparition d'une détenue-patiente mystérieusement évaporée de sa cellule, un marshall hanté par de vieux démons... Bienvenue à Shutter Island! L'histoire se met en place, le mystère s'obscurcit et l'atmosphère devient vite irrespirable. 


Dans un décor suffocant, avec criminels internés, personnel soignant en blouse blanche,  bâtiments sous haute surveillance et nature hostile, Scorsese se joue de nous et nous plonge en plein délire paranoïaque, entre rêve et réalité, où il devient difficile de distinguer le faux du vrai. Réflexions sur la violence et la souffrance humaine, tous les éléments sont réunis pour faire de ce film un condensé de sensations toutes aussi dérangeantes et déconcertantes les unes que les autres. Bref, une histoire à vous rendre fou! 


Efficace comme à son habitude, Scorsese nous entraîne dans un film esthétique et fascinant où le plus fou n'est pas celui que l'on croit... Un seul défi: quitter cette île indemne. Pour cela, gardez une seule chose en tête: "c'est bien la pire folie que de vouloir être sage dans un monde de fou". Erasme

dimanche 21 février 2010

Explication tardive...


Je me devais de raconter les origines de ce blog, ses inspirations...
Son titre, La Liseuse à la fenêtre, est un hommage au tableau de Johannes Vermeer du même nom. J'ai une affection particulière pour ce peintre hollandais du XVIIème siècle (mieux connu pour sa célèbre oeuvre La jeune fille à la perle) et spécialement pour ce tableau délicat qui a trôné dans le salon de la maison familiale pendant des années (en réalité une copie faite par mon père). Cette jeune femme absorbée dans sa lecture, surprise dans l'intimité de sa rêverie m'a toujours fascinée et séduite. Comme elle, j'aime me plonger dans les livres, m'y réfugier, car comme le disait si bien Montesquieu, "Je n'ai jamais eu de chagrin qu'une heure de lecture n'ait dissipé". Je reste émerveillée par le miracle de la lecture qui transforme des pages blanches noircies de petits caractères en passerelle pour d'autres univers. Pas besoin d'images, pas besoin de sons, pas besoins de contacts, ni de matériel particulier, juste des mots sur le papier et l'esprit libre qui se laisse emporter. Je tenais à évoquer dans ce blog ces pages que j'ai lues qui ont transporté mon esprit et m'ont permis de partir à la rencontre de mondes différents, de personnages captivants, d'histoires envoûtantes qui ont su me charmer... 

Mais il m'arrive également de relever le nez de mon livre pour regarder par la fenêtre... et le spectacle que j'aperçois alors me semble tout autant fabuleux et digne d'intérêt. C'est pourquoi je voulais partager d'autres passions, d'autres richesses, celles que je trouve dans le cinéma notamment, mais bien d'autres également... Toutes les sources d'inspiration méritent d'être soulignées, toutes les beautés du monde  d'être saluées.

Je partage ici même dans ce blog un peu de tout cela. Tous ces coups de coeur, toutes ces affections, tous ces penchants, bien sûr, n'engagent que moi. Une seule chose me guide, l'envie de partager. Si j'ai pu par le moindre de ces articles déclencher l'intérêt, la curiosité, l'envie de découvrir... Je serai satisfaite alors. 

samedi 20 février 2010

A quoi ça sert l'amour?



Pour répondre à cette belle question qu'on s'est toujours posé...

jeudi 18 février 2010

"Only the dead have seen the end of war"


Remake américain du film éponyme de la Danoise Susanne Bier, Brothers de Jim Jerridash regroupe une belle palette d'acteurs pour un film catharsis autour de la guerre (en Afghanistan) et ses nombreuses conséquences (néfastes).

Nathalie Portman (Grace), toujours aussi jolie et mère de famille (pour la première fois à l'écran!) de deux charmantes gamines, toutes deux touchantes par leur insouciance et leur gravité d'enfant que les drames font grandir trop vite.

Tobey Maguire (Sam), époux et père modèle, bouleversant en Marines anéanti, hanté par les atrocités de la guerre, âme errante qui retrouve le bonheur sans savoir quoi en faire, incapable de renouer avec cette vie « normale » auprès de ses proches « qui ne peuvent pas comprendre ».

Jack Gyllenhaal (Tommy), le frère « raté » juste sorti de prison, qui revient en fils prodige, figure rédemptrice et nouvel héros pour cette famille brisée.

Entre ces personnages, cela ne pourrait être rien de plus qu'une histoire de famille. Un frère absent, déclaré mort, un autre frère, protecteur, qui prend soin de la famille abandonnée et la vie qui continue... Pourtant ce n'est pas ce dont il s'agit ici. Au delà du drame familial, c'est une réflexion dure et pleine de justesse sur la guerre, ses traumatismes et ses destins brisés.  Aucun homme ne peut réellement apprendre à tuer ou à voir mourir sous ses yeux... Il n'y a plus lieu ici d'en douter. L'horreur de la guerre et la solitude de l'homme face à cette sauvagerie, la nécessité de continuer à vivre avec ces stigmates sur son corps, dans sa mémoire, sur sa conscience... Si "Only the dead have seen the end of war",  l'homme (Sam), pourtant encore vivant,  est-il condamné à ne pas y survivre?

Les destin inversés de ces deux frères, décrits tout en nuance et finesse, s'imposent comme le portrait d'une nouvelle génération qui, à l'image des précédentes, doit affronter son lot de souffrances et de tragédies, destins tourmentés des hommes qui connaissent la guerre, pris dans les affres de l'histoire.

lundi 15 février 2010

Voyage au pays du soleil levant...

Roman au style fluide et raffiné, digne de cette soie du Japon si réputée, Soie d'Alessandro Baricco (jeune écrivain italien talentueux) nous emporte au pays du soleil levant, théâtre d'une histoire d'amour et de trahison, envoûtante et légère. 

Hervé Joncourt, acheteur et revendeur de vers à soie, "assiste à sa propre vie" comme à un jour de pluie, se laissant guider sans jamais oser décider. Pour sauver les vers à soie de l'épidémie qui les menace, laissant seule sa femme Hélène et son petit village de Lavilledieu, Hervé accepte de partir pour un pays fermé sur ses traditions, vierge de toute intrusion étrangère (Nous sommes en 1861). Expédié au Japon, pays inconnu et fascinant, "toujours tout droit jusqu'à la fin du monde", Hervé part pour un grand voyage dont il ne reviendra pas indemne. 

Troublé par cette jeune fille aux yeux qui "n'ont pas la forme orientale" et qui ne connaît pas sa langue, Hervé semble prêt à vivre sa vie et à se laisser aller aux charmes exotiques de ce bout du monde. Pourtant, il assistera jusqu'à la fin au spectacle inexplicable et léger de sa vie, pareil à cette eau doucement ridée par le vent. 

Ce jardin qu'il dessine patiemment, ces oiseaux qui s'envolent par milliers en feu d'artifice flamboyant,  ces calligraphies méticuleuses en empreintes d'oiseau...L'histoire d'Hervé, faite de regards, de soupirs et d'effleurements, est remplie de motifs, tous évocateurs de ce Japon, pays aux traditions merveilleuses et cruelles. Sensualité des désirs et des passions, amours impossibles et nostalgie de ce qui ne peut être vécu, Baricco nous plonge dans une histoire d'une grande sensibilité, pleine de poésie et de délicatesse.  

samedi 13 février 2010

mercredi 10 février 2010

« Happiness is only real when shared »







Le très beau film Into the Wild de Sean Penn, qui a eu la bonne idée de passer derrière la caméra, ne laisse pas indifférent. L'histoire de ce grand Meaulnes américain en quête d'absolu envoûte tant par ses paysages et sa musique, que ses questionnements sur notre monde et nos existences. 


Christopher McCandless, jeune diplômé brillant et plein d'avenir, décide brusquement de tout plaquer, ses études, sa famille et tout ce qu'il possède, pour gagner les grands espaces. Mais que fuit-il exactement? Comme sa soeur (en voix off) nous le dévoile peu à peu tout au long du film, c'est la colère qui guide ses pas, cette rage douloureuse contre ses parents qui l'ont trahi et déçu. Et à travers cet idéal parental brisé, c'est toute la société, celle à laquelle ils adhérent, matérialiste et superficielle, pleine de besoins artificiels, qu'il rejette. Mais que cherche-t-il? Qu'espère-t-il trouver au bout de son voyage?

Au cours de la quête existentielle et spirituelle qu'il entreprend, Christopher devient Alexander Supetramp. Avec Thoreau pour banière, le jeune homme cherche la liberté, la beauté, la vérité... "Rather than love, than money, than faith, than fame, than fairness... give me truth". C'est un retour à l'essentiel, à l'instant, ici et maintenant. 
Idéalisme naïf et sans concession, furieuse nécessité de trouver un apaisement, désir démesuré de liberté, Alexander nous entraîne dans son périple et nous fait rêver dans ces paysages sauvages (et sublimes) d'Amérique jusqu'aux confins de l'Alaska. Habité par les pensées de ses écrivains fétiches, vagabonds et naturalistes, tels London, Byron (« I love not man the less, but Nature more."), ses rêves pour tout bagage, Alexander entame un voyage au delà de toutes limites, presque irrationnel. Car "Si on admet que la vie humaine peut être gouvernée par la raison, alors toute possibilité de vie est détruite..." disait Léon Tolstoï, un autre de ses modèles...

Mais extrémiste dans sa démarche, Alexander devient moraliste dans sa quête d'absolu. Malgré les rencontres sur son chemin, les nombreuses mains tendues, et tout l'amour de ces échanges, le héros restera jusqu'au bout persuadé que la vie est dans l'expérience de toutes choses, et surtout dans l'expérience de la nature, « alone into the wild ».

Pourtant ce retour à Mère Nature (qui est loin d'être si amicale) et à l'état le plus sauvage, le plus primaire de l'homme, cette obsession de se trouver soi même, et l'essence même de son existence, souffre finalement d'un manque certain d'humanité. Où est l'amour? Où est l'amitié? Où est le partage? Si sa famille n'était pas parfaite (mais quelle famille l'est?), ne l'a-t-elle pas pour autant aimé? Que peut-il apprendre de plus seul dans une nature où chaque instant doit être consacré à soi et sa propre survie?

Finalement « trapped in the wild » quand la leçon est comprise, quand enfin, dans le dernier chapitre, notre héros "accède à la sagesse", il est déjà trop tard. Au bout de son voyage, au bout de sa colère, terrassé par la réalité des choses, Supertramp devra « appeler chaque chose par son vrai nom » est redevenir un homme comme un autre devant ce simple constat: Le bonheur ne vaut que partagé.

Alors qu'il semblait avoir sauté des pages, le jeune homme redécouvre alors Tolstoï et la recette du vrai bonheur. « J'ai vécu beaucoup de choses et je pense maintenant avoir trouvé ce qui est nécessaire au bonheur. Une vie calme et isolée à la campagne avec la possibilité d'être utile aux autres... Et enfin plus que tout le reste, toi pour compagne, et des enfants peut-être. Que peut désirer de plus le coeur d’un homme?  »


mardi 9 février 2010

lundi 8 février 2010

Ce que vous avez toujours voulu savoir sur les Etats Unis.

La malédiction d'Edgar, un des derniers livres que j'ai lu, est un livre à conseiller.

Marc Dugain (auteur également de La chambre de officiers) brosse un portrait passionnant de John Edgar Hoover, célèbre et tout puissant patron du FBI de 1924 à 1972 (soit près de 50 ans!) et retrace, à travers lui, l'histoire des Etats Unis et de ses plus illustres citoyens, notamment à l'époque trouble de la guerre froide.

Dans ces mémoires imaginaires de Clyde Tolson (l'assistant et supposé amant de Hoover), vous découvrirez la personnalité complexe et torturée d'Edgar, les méthodes peu scrupuleuses du FBI mais également les dessous croustillants de la politique américaine, ses rapports avec la Mafia, ses complots et ses guerres intestines...
Vous pourrez par la même occasion désacraliser la dynastie Kennedy et notamment son plus célèbre représentant John Fitzgerald (grand malade et coureur de jupon névrotique), et enfin avoir un nouveau regard sur les différentes affaires qui ont secouées l'Amérique à cette époque: l'exécution des Rosenberg, le soit-disant suicide de Maryline Monroe, l'assassinat de Kennedy...

Ce livre, entre réalité et fiction, constitue un panorama de 50 ans d'histoire américaine et en déconstruit tous les mythes. L'écriture est agréable et efficace et le portrait sans concession de l'Amérique et de ses scandales est fascinant.

Laissez vous aller aux vices de l'Amérique !

dimanche 7 février 2010

Bienvenue à Shenzhen!

Venez découvrir le monde de l'animation, sa production délocalisée, l'organisation du studio, et ses petites mains appliquées. Venez découvrir également la Chine, ses hôtels standardisés, sa population accueillante, sa cuisine exotique...  Mais surtout venez découvrir Guy Delisle, un canadien, auteur de talent, exilé à Schenzen (ville moderne de la banlieue de Hong-Kong) pour 3 mois, pour superviser la production d'une animation (Papyrus).
Avec beaucoup d'humour, un regard critique mais également tendre, l'auteur nous conte sa solitude, ses longues heures d'ennuis, ses difficultés à communiquer avec la population et le fossé culturel auquel il doit faire face mais aussi un florilège de petites anecdotes qui font de cet album autobiographique un carnet de voyage drôle et décapant sur l'Extrême Orient.
Avec un dessin simple, sur et expressif, Delisle nous fait partager cette expérience incongrue, avec curiosité et sensibilité, et nous donnerait presque envie de faire partie du voyage la prochaine fois.

A lire également du même auteur avec le même principe: Pyongyang et Chroniques birmanes.


Aime moi que je puisse m'aimer.

Comme son titre Two lovers l'annonce, ce film de James Gray est une histoire d'amour, évidemment. Un drame sentimental plus précisément.
Comme l'affiche le laisse présager, il s'agit d'un homme tiraillé entre deux femmes? Ou bien de deux femmes éprissent du même homme? En réalité, dans cette histoire, l'une soupire pour l'un qui court après une autre, elle même déjà amoureuse d'un autre... Amour en chaine qui ne rencontre pas sa réciproque, schéma amoureux classique, cruel et pathétique, mais dont on ne se lasse pas à condition qu'il soit bien traiter. Heureusement, c'est le cas ici!

Joaquim Phoenix est remarquable en homme perdu, meurtri, accablé par son amour perdu, sa maladie (la bipolarité : alternance d'extases profondes et de dépressions suicidaires) et ses parents qui l'étouffent, lui fournissant un travail, une nouvelle fiancée et un avenir tout tracé! Mais voilà qu'une nouvelle voisine débarque dans sa vie, jeune beauté un peu paumée, éprise d'un homme marié, délaissée, en mal d'amour et qui a grandement besoin d'être sauvée. Notre héros, à la recherche de lui même et décidé à se reprendre en main, en tombe bien évidemment éperdument amoureux... Et c'est là que les choses se compliquent.

Le thèmes et les personnages semblent vus et revus, une histoire « banale » et pourtant avec beaucoup de sobriété et de pudeur, l'émotion émerge devant ces amours contrariés. Chaque personnage de ce trio souffre et espère, aux prises à ses sentiments, exacerbés et retenus, irrationnels mais follement rassurants à la fois. Chacun est pris dans une recherche de lui même et de son double, reflet du miroir sécurisant, qui pourra l'accompagner dans cette vie pour partager un peu de bonheur...

Mais l'amour a ici un goût d'amertume, de douce résignation et de regret qui en souligne toute la cruauté et l'ingratitude, bien qu'il reste l'objet de la quête de ces trois protagonistes (et de beaucoup d'autres...). Car (s')aimer n'est pas chose aisée.

Raison et déraison, aimer ou être aimer, s'aimer tout simplement. Dans cette histoire, tout est question de ce choix, qui n'en est pas vraiment un. Car somme toute l'amour peut être le plus égoïste des sentiments. Aimer, désirer, posséder... entre fascination narcissique et quête d'absolu. Mais, ne l'oublions pas, l'amour peut aussi être le plus généreux de tous les sentiments, encore faut-il savoir l'offrir et l'accepter quand il nous est donné. Serait-ce si simple finalement?

jeudi 4 février 2010

mercredi 3 février 2010

Envie d'évasion?


L'invitation au voyage

Mon enfant, ma soeur,

Songe à la douceur

D'aller là-bas vivre ensemble !
Aimer à loisir,
Aimer et mourir
Au pays qui te ressemble !
Les soleils mouillés
De ces ciels brouillés
Pour mon esprit ont les charmes
Si mystérieux
De tes traîtres yeux,
Brillant à travers leurs larmes.

Là, tout n'est qu'ordre et beauté,
Luxe, calme et volupté.

Des meubles luisants,
Polis par les ans,
Décoreraient notre chambre ;
Les plus rares fleurs
Mêlant leurs odeurs
Aux vagues senteurs de l'ambre,
Les riches plafonds,
Les miroirs profonds,
La splendeur orientale,
Tout y parlerait
À l'âme en secret
Sa douce langue natale.

Là, tout n'est qu'ordre et beauté,
Luxe, calme et volupté.

Vois sur ces canaux
Dormir ces vaisseaux
Dont l'humeur est vagabonde ;
C'est pour assouvir
Ton moindre désir
Qu'ils viennent du bout du monde.
- Les soleils couchants
Revêtent les champs,
Les canaux, la ville entière,
D'hyacinthe et d'or ;
Le monde s'endort
Dans une chaude lumière.

Là, tout n'est qu'ordre et beauté,
Luxe, calme et volupté.

Charles Baudelaire

mardi 2 février 2010

Conte pour adulte

Alors que le festival international de la BD d'Angoulème de cette année se termine juste, j'en profite pour revenir sur la BD qui a obtenu le prix du meilleur album l'année dernière: Pinocchio de Winshluss. Une petite merveille qui a bien mérité son prix!  

Pinocchio, comme son nom l'indique, revisite les mésaventures de la marionnette de bois, bien connue de tous les amateurs de Disney. Simple adaptation en BD? Loin de là!

Pinocchio en robot guerrier expérimental, Jiminy cricket en cafard, des nains pervers et un flic dépressif qui mène l'enquète... On est ici très loin du conte pour enfant! Winshluss nous donne sa version décapante du conte avec humour noir, cruauté et provocation. Cette adaptation, très libre, si elle est moins merveilleuse n'en est pas moins pleine de fantaisies!

Mais la BD de 200 pages est également une véritable expérience esthétique: du noir et blanc à la couleur, des dessins minimalistes aux pleines pages contemplatives, chaque section graphique est époustouflante et s'accorde parfaitement avec la trame narrative.  De quoi en prendre plein les yeux!

Dernier détail, mais on l'oublierait presque (c'est dire l'expressivité des dessins!), la BD est muette. Pas le moindre petit dialogue... mais quelle intensité pourtant!!

Bref, un récit d'une grande richesse, surprenant, terrifiant et fascinant, mais à lire absolument!

Une vidéo douce-amère, à méditer...

lundi 1 février 2010

Die Zauberflöte, Hommage au Maître!


Jeudi dernier, Opéra national de Bordeaux, 20h

La flûte enchantée de Mr Mozart.
(et bien j'y étais! au premier rang, s'il-vous-plaît! )

Résultat: un spectacle magnifique!

Une mise en scène très moderne, très "actualisée", mais dans l'esprit de cet opéra-comique, conte baroque merveilleux et jubilatoire! On se réjouit de retrouver Papageno , le joyeux luron, et sa Papagena, la Reine de la nuit et son rire démoniaque (mais si beau!) et toutes les pérégrinations du jeune Pamino pour sauver sa Pamina... Tout ça dans une station de ski avec décors designs, paysages enneigés, "effets spéciaux" (la fuite en luge ou en hélicoptère sont particulièrement réussies!) et jeunes danseuses affriolantes... Bref une mise en scène exubérante et osée, des chanteurs au mieux de leur forme, on s'amuse, on rit et on savoure la musique du Maître!

Bref, un très bon moment de musique classique qui montre à quel point Mozart reste indémodable!